Pourquoi attendre ? Qu’est-ce qui nous retient ?
La vie est finie. Les aspirations ne peuvent entrer que dans cet espace fini. Cet espace fini, c’est aussi aujourd’hui. Hier n’est plus, même si toute la beauté d’avoir une conscience réside dans le fait de pouvoir se souvenir, parfois de façon si claire, qu’il y a 10 ans peut paraître le mois dernier. Quant à demain …
Demain n’est promis à personne.
Aujourd’hui, à cette minute, certains se sentent pris au piège par les obligations qui découlent des choix de confort, de parcours conformiste, d’évolution régulière. D’autres, au contraire, seront angoissés par l’idée d’insécurité et d’instabilité que provoque une vie libérée de ces obligations. Il n’y a pas de règles, il n’y a pas qu’un seul chemin, et il n »en existe aucun qui est meilleur que l’autre. Simplement, il faut savoir reconnaître quand l’ennui conquiert les jours ou que l’anxiété noie l’âme perdue. Les remèdes ne tiennent qu’à nous. Nous seuls.
Je suis nomade dans l’âme et je ne m’aventurerai pas à analyser ou parler pour ceux que cette vie ne séduit pas. Je m’en tiendrai à ce que je connais, à ceux qui aspirent au nomadisme, ou tout simplement à voyager un peu plus souvent, un peu plus longtemps ou un peu plus loin.
J’ai été inspirée aujourd’hui par une anecdote racontée par Dr Quinta dans son livre « From Antarctica to Zimbabwe: How I hit the reset button on my life« . C’est le genre d’histoire qu’on entend de façon vague plus d’une fois dans sa vie, à l’origine de locution comme « CARPE DIEM » et « YOLO ». Mais c’est une histoire vraie, récente, proche de nous, cela peut arriver à tout le monde. C’est l’histoire toute simple d’un homme, qui avait un rêve, voyager. Qui avait travaillé toute sa vie dans ce but, ne prenant que rarement des congés. En tant qu’américain, il enchaînait des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines de travail non-stop. Puis le jour de sa retraite approcha à grand pas. Heureux d’avoir enfin le temps libre pour faire ce qu’il avait toujours voulu faire, il prépara des plans. Il travaillait pour travailler et pour préparer des plans. Et enfin, le jour arriva.
Le lendemain, il meurt d’une crise cardiaque. Il avait 56 ans.
J’en suis arrivée à des conclusions plutôt philosophiques que scientifiques, qui paraissent évidentes, que l’on sait dans notre subconscient, qu’une voix intérieure nous rabâche mais que nous choisissons de taire. En revanche, nous maîtrisons brillamment l’art des excuses…
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Excuse : j’ai un travail.
Dans le grand schéma de la vie, une carrière, c’est de la cacahuète. La structure d’un travail (à différencier avec le travail même), ne doit pas devenir la substance de notre vie. Personne ne nous retiendra. Il se peut qu’un collègue nous regrette, qu’un manager soit déçu de notre départ. Mais tout le monde, TOUT LE MONDE, est remplaçable. Personne, PERSONNE, n’est indispensable, pas même un supérieur, pas même un PDG. Il faut voir une boîte de travail comme une molécule. Lorsqu’un atome part, un autre revient. Le travail est une méduse. Il se régénère par lui-même. Nous, en revanche, ne sommes que de simples mortels, vieillissant irrémédiablement jusqu’à ce que la mort nous emporte, ce qui peut être demain.
Ce que nous craignons n’est pas la perte de l’opportunité d’une carrière, mais la perte de notre place dans cette société de labeur mis en boîte. Un statut social. Il appartient donc à chacun d’évaluer ce qui est le plus important : ce statut social ou l’aspiration au voyage. C’est un exercice de valeurs.
Excuse : je n’ai pas les moyens
L’argent fait le bonheur. Oui, je viens à contre-sens. Il ne faut pas se voiler la face, l’argent peut faciliter les choses.
Toutefois, non seulement l’argent peut être généré en dehors d’une boîte de travail, mais aussi, il est possible de vivre sans le volume d’argent auquel nous nous attendons.
Si l’aspiration au voyage est plus forte que l’aspiration à une vie sédentaire, cela ne doit pas être la considération première. J’imagine que nous ne sommes pas milliardaires ; dans ce cas, il faudra nécessairement faire des « sacrifices » en termes de confort et de consumérisme. De même que pour le statut social, c’est un exercice de jugement de ses valeurs.
Ensuite, tout le monde a des ressources à offrir. Dans ce monde globalisé et webisé, il est devenu plus simple d’échanger des compétences ou des ressources, plutôt que de les vendre. WorkAway est un bon exemple.
Enfin, être nomade ne signifie pas être désorganisée. Tout est question d’organisation d’ailleurs. Il faut budgétiser, budgétiser, budgétiser. C’est un projet comme un autre. Acheter une maison demande un plan de financement. Voyager demande aussi un plan de financement. Le nomade aura aussi des postes de dépenses différents d’un sédentaire.
Pour certains, le chemin sera plus aisé, s’ils ont épargné ou hérité. Pour d’autres, il faudra appréhender cela comme une véritable aventure, emplie de recherches et de rencontres, d’auberges de jeunesse et de boui-boui aux coins de rue. Chacun vivra son expérience comme il l’entend dans les limites de ses capacités. De même, il n’y a pas de chemin meilleur qu’un autre.
Dans tous les cas, non, la considération de l’argent ne doit pas être pris à la légère. Mais non plus doit être un obstacle absolu.
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Excuse : j’ai des enfants, j’ai un parent dépendant, je ne veux pas m’éloigner de mes proches
Certaines circonstances sont de véritables justifications au sédentarisme mais je crains que je ne sois pas la mieux placée pour examiner ce point. Toutefois, je réitère que tout est jugement de valeurs ainsi qu’une question d’organisation. L’éducation d’un enfant, l’équilibre d’une famille et l’attachement émotionnel n’ont pas de règles. Ce qui fonctionnera pour l’un, ne fonctionnera pas pour l’autre. Je n’ai ni enfants, ni parent dépendant à ce stade et j’ai fait le choix de m’éloigner physiquement de mes proches. Ce n’est pas tous les jours facile, ma famille me manque beaucoup mais c’est en toute conscience que j’ai suivi mes valeurs et une autre partie de mon cœur.
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Excuse : j’ai peur
L’aventure, l’inconfort et l’inconnu font peur, c’est certain ! Mais si demain vous vous réveillez paralysé sur un lit d’hôpital, incertain de savoir si dans l’heure qui suit vous serez toujours de ce monde, qu’est-ce que vous regretterez le plus ?
La réponse ne peut résider qu’en votre fort intérieur. Je parle de voyage car c’est l’objet de ce blog mais cette question est valable pour toute autre aspiration qui vous tiendrait à cœur, qui surpasse toute autre attente dans la vie, que ce soit écrire un livre, aider son prochain, construire une maison cocon pour ses enfants …
Enfin et surtout, ne craignons plus de déplaire. On peut écouter les être les plus aimés et les plus compréhensifs. Le reste du monde ne compte pas.
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Bien sûr, pour certains, les choix seront plus compliqués, voir physiquement impossibles. Mais pour ceux qui ont la chance d’être en bonne santé : aujourd’hui nous vieillissons, demain déjà nous mourrons. Alors si ce n’est pas maintenant, ce sera quand ?
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