Cinq villages réfugiés entre criques et falaises. Devant, la mer Méditerranéenne, beauté aux mille bleus et aux mille verts, promet mondes et richesses. Derrière, la crête montagneuse, symbole d’une protection divine, sépare ces villages du reste de la Ligurie et de l’Italie.
Sur la route des Cinque Terre, le visiteur retrouve la paix du contemplateur et la fureur de vivre.

Nous marchons, blottis l’un à l’autre, au rythme de tambours invisibles. Ils s’élèvent d’en bas, là où les vagues se soulèvent, roulent et se fracassent. Plus nous nous approchons, plus le roulement est puissant et assourdissant, comme un monstre hurlant venu des fins fonds marins.
Pourtant, le ciel est clair, l’horizon est calme et le vent est clément. Mais ici, aux pieds de Riomaggiore, la mer s’agite, frissonne et gronde. L’écume conquiert les roches et les briques, et envahit les chemins que foulent les visiteurs.
Presqu’effrayés par cette puissance inattendue, tant de là-haut sur la route, la vie semblait paisible, nous remontons quelques allées et quelques centaines de marches pittoresques, pour observer le phénomène à partir des chemins perchés. L’air est sec et les arbres sont raides.

Ici, le temps est immobile. Nous croiserons quelques vieux hommes du terroir, impassibles et silencieux, reposés sur un banc isolé que l’on a placé favorablement sous la voile desséchée d’un grand pin arrogant. Mais la plupart des compagnons de route ne sont pas d’ici. Nous sommes inconnus de cette terre, de passage au rythme des trains qui bravent le relief escarpé pour venir grincer sur la plateforme du village.
Après un dernier regard sur Riomaggiore, nous reprenons la route. C’est une merveille. Comment des humains ont réussi à accéder, à s’installer et à se développer sur cette bande de terre, à flanc de falaises. Comment y ont-ils bâti des maisons, érigé des cimetières et construit des chemins ferroviaires.
Ces habitants et leurs ancêtres sont d’un autre temps et d’une autre force.

Nous nous arrêtons sur un parking. Il faudra descendre à pied, longer une petite rivière au creux d’une ravine pour atteindre le prochain village.

Dans le petit port de pêche de Vernazza, les bateaux sont mis à nu. Repoussés dans les ruelles par la mer aussi sauvage qu’à Riomaggiore, ils ont l’air pathétiques et malheureux. Mais autour d’eux, la vie bouillonne. Les voix sont plus fortes, les pas plus déterminés.
Pour échapper une nouvelle fois aux eaux tourmentées, nous remontons vers le fort. De là, je peux sentir la terre vibrer. Les falaises, la mer, le ciel, tout est vivant. C’est un ballet invisible mais extrêmement sensoriel. Le temps s’arrête mais je sens que la terre tourne.
J’en oublierai de prendre quelques photos. Cela restera juste gravé dans ma mémoire.
Quand y suis-je allée : Septembre 2017
Où ai-je dormi : Pensione Sorriso, Vernazza (👍)
Ce que vous aimerez sûrement – la spécialité à ne pas rater : la focaccia ! C’était notre petit déjeuner au départ de Vernazza. Agréments variés.
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